Transport d’animaux : La Cour des comptes européenne dresse un état des lieux et encourage le commerce de viandes et carcasses - Fondation Brigitte Bardot

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Transport d’animaux : La Cour des comptes européenne dresse un état des lieux et encourage le commerce de viandes et carcasses

La Cour des Comptes Européenne (CCE) a publié ce lundi 17 avril un document d’analyse de la situation actuelle des transports d’animaux au sein de l’Union européenne, apportant ainsi sa contribution à la révision en cours de la réglementation européenne sur la protection des animaux lors de leur transport.

La CCE livre une analyse conforme aux constats dénoncés par les organisations de protection animale depuis de nombreuses années, constats également régulièrement admis par la Commission Européenne. Pourtant, à l’heure où les discussions vont bon train au sujet de la révision des normes européenne de protection animale sur le transport des animaux notamment, force est de constater que l’ambition est loin d’être à la hauteur des défis reconnus par tous.

Selon les données utilisées par la Cour des comptes européenne (données officiellement déclarées entre 2017 et 2021), 63 % des trajets sont de courte durée (moins de 8 heures), 33 % sont de longue durée (plus de 8 heures) et 4 % sont de très longue durée (plus de 24 heures). Plus d’un transport d’animaux sur trois dure donc plus de huit heures !

 Il est à noter que les transports maritimes, qui peuvent durer plusieurs jours, ne sont pas comptabilisés dans cette évaluation puisque la partie du trajet qui se déroule à bord du cargo n’est malheureusement pas considérée par la réglementation comme un temps de trajet. La part des trajets très longs est donc à relativiser dans la mesure où elle est certainement bien plus importante, compte tenu des dizaines de milliers d’animaux (principalement bovins, ovins et caprins) qui embarquent chaque année des ports de Sète ou encore de Cartagène (pour ne citer qu’eux), à destination du Liban, de l’Algérie, du Maroc, de la Libye notamment…

La CCE explique cette situation par des facteurs exclusivement économiques : la recherche permanente d’économies et de profits motive les agriculteurs et producteurs de viande à transporter des animaux sur des milliers de kilomètres, au point d’en oublier que les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité et de leur infliger sans remords des souffrances qui pourraient pourtant être évitées.

Dans son rapport, la CCE rappelle notamment que :

  • Des milliards d’animaux vivants sont transports chaque année au sein de l’Union européenne et à destination de pays tiers ;
  • Le transport est une source importante de stress pour les animaux, qui sont soumis aux manipulations et peuvent souffrir de la soif, la faim, du manque d’espace, de la chaleur et de l’absence de repos ;
  • Les normes en matière de protection animale lors des transports ne sont pas toujours respectées ;
  • Les données concernant les transports d’animaux sont fragmentées et incomplètes, ce qui révèle un manque de suivi de ces transports pourtant juridiquement encadrés ;
  • Les systèmes de sanction et peines applicables diffèrent d’un pays à l’autre, ce dont profitent les transporteurs peu scrupuleux notamment en prolongeant leurs trajets, au détriment du confort des animaux, pour éviter de traverser les pays les plus rigoureux et stricts ;
  • Les sanctions ne sont pas suffisamment dissuasives pour éviter qu’elles soient contournées, notamment en ce qui concerne le transport d’animaux blessés et inaptes (qui par définition ne devraient pas être déplacés) ;
  • Une fois que les frontières de l’Union européenne sont franchies, il est difficile voire impossible de connaître les conditions dans lesquelles les animaux sont ensuite transportés, engraissés et tués.

La Cour des comptes européenne émet des solutions permettant de réduire la souffrance infligée à des milliards d’animaux chaque année, transportés pour des raisons économiques, parmi lesquelles :

  • limiter le nombre et la durée des trajets 
  • améliorer les conditions dans lesquelles les transports d’animaux sont réalisés
  • informer davantage les consommateurs sur les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux dont sont issues les viandes qu’ils achètent
  • instaurer un système de suivi informatisé de tous les transports d’animaux, basé sur les technologies les plus récentes, et utiliser des caméras et des capteurs afin de suivre le respect des normes réglementaires tout au long des transports ;
  • mettre en place des alternatives au transport d’animaux vivants notamment en rapprochant le lieu d’abattage du lieu d’élevage et en transportant la viande et les carcasses plutôt que des animaux vivants.

Cette option est préconisée depuis de nombreuses années par la Fédération des Vétérinaires d’Europe (FVE) qui s’oppose vivement aux longs transports et exportations d’animaux, et recommande que les animaux soient élevés aussi près que possible de leur lieu de naissance et abattus aussi près que possible du lieu de production.

La Cour des Comptes européenne indique également que transporter des animaux vivants est une pratique qui nuit à l’environnement, et que le commerce de viandes et carcasses représente une alternative qui va dans le sens de la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement.

Autre proposition novatrice et intéressante de la CCE : attribuer une valeur monétaire à la souffrance animale pendant le transport afin de l’intégrer dans le prix de la viande. Cela contribuerait à responsabiliser chaque maillon de la chaine de production jusqu’au consommateur, encouragerait les transporteurs à mettre en place de meilleures pratiques et visibiliserait davantage la souffrance infligée lors des transport d’animaux.

En 2018, la cour des comptes européenne avait déjà pris position en faveur d’une meilleure protection des animaux, pointant les failles dans l’application de la réglementation au sein de l’UE et encourageant les États membres à davantage soutenir des pratiques plus respectueuses du bien-être animal.

Face aux nombreuses analyses et recommandations délivrées par les instances scientifiques ces dernières années, la Fondation Brigitte Bardot nourrit l’espoir d’une réelle prise de conscience, par les décideurs politiques et syndicats d’éleveurs, de l’urgence à transitionner, sans attendre, en faveur de modes de production et de transport plus en phase avec l’attente sociétale favorable à une meilleure protection des animaux, mais également avec les impératifs environnementaux et climatiques exigeant des décisions fortes et ambitieuses en matière de durabilité.

Force est malheureusement de constater que la France est encore loin d’emprunter cette voie de la raison, en persistant à laisser la part belle à l’élevage intensif et en reléguant au second plan les questions environnementales et de protection animale dans les politiques publiques qui façonnent pourtant dès à présent la production de demain. La Fondation Brigitte Bardot appelle le Ministre de l’Agriculture à entendre les recommandations de la Cour des comptes européenne, ainsi que celle de l’EFSA, et à proposer ou soutenir des transitions ambitieuses en matière de protection animale lors de l’élevage, du transport et de l’abattage des animaux dans le cadre de la révision de la réglementation européenne !

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